20 décembre 2024

Le cordonnier, l’informaticien et l’Opinel

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J’ai été élevé par mes grands-parents, à Albi, pendant les années 60. Mon grand-père, mineur, électricien et grand bricoleur devant l’éternel, avait toujours son Opinel dans la poche. Il faisait tout avec. Il coupait le pain, la viande, bricolait, curait sa pipe, vidait le poulet, taillait des bâtons pour faire des moulins à eau. La liste est sans fin.

Le dimanche nous allions au marché sur la place de l’imposante cathédrale St Cécile. A cette époque les centres commerciaux et leurs galeries commerciales, avec le cordonnier qui fait des clefs, n’existaient pas. Certains artisans faisaient encore du porte à porte comme le rémouleur ou le rempailleur mais la plupart avaient une échoppe face à la cathédrale et autour des halles. Un jour que nous portions des chaussures à réparer au cordonnier (à cette époque on ne jetait pas), avant d’entrer dans la boutique, mon grand-père me dit en montant le cordonnier juste derrière la vitre en train de travailler un morceau de cuir :

-    Regarde, avec le dos de la lame de son Opinel il marque le cuir qui lui permet de gagner son pain et avec l’autre côté il coupe le pain ainsi gagné.

Pour moi qui n’avais pas encore dix ans c’était magique : On pouvait vivre avec un seul outil ! Je comprenais mieux pourquoi l’Opinel dans la poche de mon grand-père était si précieux.

Étonnamment, j’ai passé ma vie avec un seul outil entre mes mains: l’ordinateur. Même si l’écart technologique entre l’Opinel et l’ordinateur est immense, ils ont en commun d’être d’un usage universel, et depuis une décennie les ordinateurs rentrent aussi dans une poche. Mais il y a deux différences abyssales entre ces deux outils qui résument bien des choses : 
  • Mon grand-père (1901 - 1992) a dû avoir trois ou quatre Opinel dans sa vie.
    Moi, depuis 1977, j’ai changé d’ordinateur tous les trois ou quatre ans. 
  • Je peux prendre l’avion avec mon Smartphone dans la poche mais pas avec mon Opinel.